Luis Sepúlveda
grand écrivain chilien est décédé du coronavirus le 16 avril 2020 en Espagne à l’âge de 71 ans.
Défenseur de l’environnement et des animaux, il dénonçait l’exploitation des Hommes de la nature dans ses ouvrages.

Qui était-il ?

Né le 4 octobre 1949 à Ovalle (Chili), Luis Sepúlveda a lutté toute sa vie pour plusieurs causes politiques et a été rapidement identifié comme fervent défenseur de la cause environnementale. Lors du coup d’État d’Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973, la vie de Luis Sepúlveda a basculé comme celle de millions de Chiliens. Il faisait partie de la garde rapprochée du Président Allende et fut emprisonné en tant qu’opposant politique pendant plus de deux ans et demi. Dès sa libération, il part sillonner l’Amérique latine avant de s’installer définitivement dans les Asturies en Espagne.

Sepúlveda et le peuple des shuars 

En 1978, il part vivre auprès des shuars, peuple amérindien de la forêt amazonienne, pour participer à une recherche de l’Unesco portant sur l’impact de la colonisation des populations indiennes de l’Amazonie. Il apprend à vivre en harmonie avec la nature aux côtés de cette population, dans une forêt à la fois somptueuse et sauvage qui abrite de nombreuses espèces. Toute sa vie, il n’aura de cesse de se battre pour les communautés indiennes, l’environnement et les animaux, comme en témoigne notamment son œuvre littéraire la plus célèbre intitulée Le vieux qui lisait des romans d’amour (1992), une véritable ode à la beauté de la nature.

Le vieux qui lisait des romans d’amour : un roman iconique de Sepúlveda

Paru en 1992, cette oeuvre est un hommage à Chico Mendes, militant écologiste et ami de Sepúlveda, assassiné pour son combat pour préserver la forêt vierge et plus généralement l’environnement. Sepúlveda le décrivait comme « l’un des plus fervents défenseurs de l’Amazonie ». Ce livre amène le lecteur à se questionner sur les liens entretenus entre l’Homme et la nature.

Synopsis :
« Lorsque les habitants d’El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d’un homme blond assassiné, ils n’hésitent pas à accuser les Indiens de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre dans l’étrange blessure la marque d’un félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne et a une passion pour les romans d’amour. En se lançant à la poursuite du fauve, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un conte magique, un hymne aux hommes d’Amazonie dont la survie même est aujourd’hui menacée. »

« Ce roman attire l’attention sur une des démonstrations les plus grandes de la stupidité dans laquelle l’homme peut tomber » ; « l’homme a en lui le germe de la stupidité et de l’intelligence à la fois » : Luis Sepúlveda dénonçait le comportement humain à travers ces termes. Catégorique, il affirmait que la destruction de la nature conduira à la disparition des Hommes.

 

Aujourd’hui, la pandémie Covid-19 nous donne l’occasion de réfléchir : la destruction de la nature ne nous conduit-elle pas à notre perte ?

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur la disparition du vivant à l’échelle globale et prévoient une sixième grand extinction de masse.

Il est primordial aujourd’hui de continuer le combat mené par Luis Sepulvéda pour préserver la biodiversité. Les menaces qui pèsent sur la faune et sur la flore sont trop nombreuses. Parmi elles, on compte notamment la destruction des habitats naturels des différentes espèces dans les forêts, les déserts, les savanes et les océans, la surpêche ou le braconnage (le trafic d’espèces sauvages est le 4ème trafic illicite le plus lucratif au monde). Malgré la période de confinement partout dans le monde, ces activités illicites ont persistées voire se sont intensifiées dans certaines régions comme en Afrique.
La Passerelle Conservation a, tout comme Luis Sepúlveda, à cœur de recréer ce lien entre les Hommes et la nature. Pour cela, elle soutient des programmes de conservation qui agissent sur le terrain et encouragent la participation des populations locales et des futures générations à une gestion durable des ressources naturelles, la modification des comportements individuels et collectifs en faveur de la nature et la réduction de notre impact sur l’environnement.

« ce prix tigre* est aussi le tien, comme il est celui de tous les hommes qui continueront sur le chemin que tu as tracé, notre chemin collectif pour défendre ce monde, notre monde qui est unique ».
Chico Mendes, à propos de son ami défunt Luis Sepulvéda.

Pour en savoir plus :

Interview de Luis Sepulvéda : https://www.youtube.com/watch?v=vgIf2z9-0uI

Merci à Élodie pour ses recherches sur Luis Sepulvéda et son investissement en tant que bénévole auprès de La Passerelle Conservation.

*Le prix littéraire Tigre Juan décerné à Luis Sepulvéda pour Le vieux qui lisait des romans d’amour. Propos liminaire dans la version française éditée en 1997 (Édition : Seuil).